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les erreurs de l’église

prêtre devenait le complément nécessaire, dans le catholicisme, du contrat ou alliance. Le bon sens était là. On serait ainsi rentré dans la logique des choses. Le prêtre redevenait le ministre du sacrement, ce qui était clairement sa fonction propre en l’espèce. Malheureusement, adopter ce point de vue, le seul rationnel dans la question, c’eût été admettre qu’un simple professeur laïque avait raison contre l’Église et lui montrait : ou qu’elle ne comprenait rien à la question, ou qu’elle imposait aux fidèles une notion fausse même en droit canon. Le professeur eut beau représenter que l’Église des XIIe, XIIIe, XIVe et XVe siècles avait considéré la bénédiction du prêtre comme conférant le sacrement, avait conséquemment regardé le prêtre comme le ministre du sacrement, et qu’on n’aurait jamais alors admis l’étrange notion qu’un catholique pût s’administrer un sacrement à lui-même, il fut condamné d’emblée par Pie IX pour oser penser comme l’Église d’autrefois et non comme celle d’aujourd’hui. En fait Pie IX l’a condamné parce qu’il ne voulait admettre à aucun prix qu’un homme seul vit plus clair dans la question que l’Église, et en second lieu parce que Nuyts voulait établir la jurisprudence ecclésiastique sur le mariage sur une base rationnelle et non sur le simple sentiment plus probable des théologiens d’aujourd’hui, sentiment qui était non seulement le moins probable autrefois mais que l’on eût carrément qualifié d’hérésie.