Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/121

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bien, même ce qui nous fait mal et que des bénédictions miraculeuses sortiront de nos larmes.

Si nous pouvions croire profondément que « le palais et l’étable, le poêle du pauvre et le lit du malade, tout est situé sous le même ciel, purifié et gardé par la même Puissance infinie. »


XL

Sur l’eau


Il faisait très chaud, nous laissions le canot descendre lentement le courant, cherchant l’ombre des vieux saules du rivage : nous nous gardions bien de parler : mon compagnon, pour ne pas effaroucher le poisson, et moi pour ne pas mettre en fuite les pensées que le silence éveille. Nous atteignîmes ainsi un élargissement de la rivière, un étang tout fleuri de beaux nénuphars blancs : quelques-uns, grands ouverts, délicats comme des bijoux, dressaient leur tige brume au-dessus de l’eau somnolente, d’autres effleuraient à peine la surface lisse de l’étang, je les voyais remuer en cadence avec des gestes gracieux de nageurs ; et il y en avait dont les fleurs complètement recouvertes paraissaient écrasées sous le poids de l’eau verte et immobile.

J’ai vu là une image de notre esprit rempli de pensées aux floraisons si variées !