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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/127

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Le risque est si grand dans l’aventure du mariage, au moins faut-il être parfaitement assuré que le compagnon choisi est l’unique, le seul avec qui on puisse l’affronter.


XLII

À Percé


À coups de vent, en multipliant les ondées glaciales et prolongées, l’automne, ayant malicieusement dispersé les « tourisses, » — comme disent les enfants de Percé, — a repris son beau visage grave, et il profite de la solitude des grèves et des bois pour inonder de lumière la mer, les feuillages agonisants, les murailles de grès rose qui couronnent les montagnes environnantes.

Inlassables, nous suivons les petits sentiers ombreux parfumés de cèdre et de sapin qui conduisent, tantôt à une grotte sauvage, où l’on s’attend à voir surgir des fées sous le ruissellement des eaux claires et glacées qui semblent dégringoler des nuages ; tantôt, sur un sommet, d’où les moissonneurs, les chevaux et les maisons paraissent des jouets d’arche de Noé.

Percé est le pays où la fatigue des escalades et des descentes par les chemins pierreux sont récompensés si magnifiquement, qu’une seule chose s’imprime dans la mémoire : la beauté sauvage, lumineuse et grande de la