Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/135

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ou la renvoie déflorée moralement et physiquement. L’éducation aurait certainement quelque chose à faire pour retenir les jeunes filles, les former plus sérieusement et les diriger avec plus de bon sens.

Certains parents raisonnables et fermes et qui n’ont pas lâchement abdiqué leur autorité, s’opposent au départ de leurs filles, et en constatant la déchéance de certaine voisine, ils voient clairement comme ils eurent raison. Un trop grand nombre sont faibles : quelquefois l’appât d’un gros gain les influence : ils ne tardent pas à déchanter, car ils ne voient jamais la couleur de l’argent que gagnent leurs enfants. — Il est sûr que les éducatrices de l’enfance, dans les campagnes, ont ici une responsabilité sérieuse et il est temps qu’elles comprennent que les enfants de leurs écoles et de leurs couvents de village doivent recevoir une formation spéciale qui développe en elles l’amour de la terre et de la vie campagnarde, leur fasse apprécier la belle indépendance du cultivateur et les avantages d’une vie saine et simple. Toutes les superfluités de l’éducation : piano, broderies et dentelles devraient être retranchées : elles ne servent qu’à engendrer des idées de luxe et à dégoûter les fillettes des travaux rustiques.

Je rêve de couvents où les travaux manuels seront strictement la couture solide, les leçons de coupe, le tricot des bas et des chaussettes, le raccommodage et le ravaudage. Si