Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/18

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le savent et Le cherchent ; les autres l’ignorent et quelquefois Le fuient. Ces dernières nous attendent peut-être : n’ayons pas, la « timidité du Divin » nous dit le poète : nous nous taisons en effet, quand nous devrions faire rayonner au dehors la vérité qui nous fut donnée gratuitement pour la répandre.


VI

Automne


Le soleil éphémère de novembre est voilé par de grands nuages menaçants, un vent aigre siffle dans les branches nues et les feuilles sèches tournoient avec ce bruit triste, ce bruit de plainte qui pleure le déclin des choses, et mon âme en détresse s’est sentie soudain pareille à ce jour de novembre avec son vent froid et ses rondes de feuilles mortes, j’ai partagé la désolation des choses qui se sentent impuissantes contre les forces lentes qui les fanent, les effeuillent et les dispersent ! C’est l’étonnante histoire de nos âmes ! Elles aussi, après les griseries des printemps radieux sentent qu’elles se modifient : elles assistent navrées aux transformations de leurs idées et de leurs sentiments. Si elles pouvaient rapprocher l’âme de leur jeunesse avec celle qui, dans le soir de novembre entend venir la mort, elles ne reconnaîtraient plus ce que fut autrefois leur esprit et leur cœur.