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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/38

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La guerre terminée, les lettres continuèrent, et un jour il en vint une, où, dans une griserie de joie, il lui annonçait que l’offre d’une situation inespérée l’amenait à Montréal pour s’y fixer, et pour la première fois, il laissait entrevoir des projets d’avenir. La pauvre enfant connut alors une détresse sans nom… elle n’osait confier son secret à personne et elle se sentait défaillir à la seule pensée de rencontrer celui qu’elle aimait, — elle savait à cette heure à quel point, — et qu’elle trompait depuis si longtemps par son silence.

Ce mensonge se dressait entre eux dans toute sa laideur et lui faisait horreur, et elle ne savait que faire dans cette situation sans issue.

De toutes façons, c’était la fin de son bonheur, la disparition de la seule joie de sa vie, celle qui lui avait révélé son âme de femme.

Elle s’arrêta enfin à la seule chose digne d’elle : L’aveu, la confession douloureuse et prudente où elle s’efforçait de dissimuler l’amour qui la possédait. Il reçut la lettre au moment de son départ.

Quand il la vit, plus tard, si petite, si fragile, il lui pardonna trop bien, hélas, puisqu’il s’éprit de sa jeune sœur et l’épousa sans se douter de la cruauté d’un tel dénouement. Il se disait sans doute, que pour la petite infirme, la correspondance avait été un jeu littéraire, car elle savait, elle, que l’amour