Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/57

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endormie qu’il adore et qu’il gâte. Il la croit très heureuse , et d’un bonheur qu’elle lui doit : il se réjouirait franchement si une inquiétude sourde ne venait le troubler ; il a souvent d’étranges palpitations, un cœur fuyant dont la vie, semble-t-il, s’en va goutte à goutte… que deviendrait-elle, la mignonne, si…

Et voilà justement l’affreuse sensation qui l’étreint, l’étouffe, il étend les bras, il veut appeler…

La mort est venue brutalement prendre le vieillard pendant que la jeune fille, toujours endormie, appelle la vie et lui tend les bras.


XIX

Kate


On parlait hier, devant moi, des événements d’Irlande, et comme il arrive si souvent, ceux qui se disaient sympathiques à la cause des opprimés de toujours, les blâmaient ferme et critiquaient tout ce qu’ils font et tout ce qu’ils ont fait. « Ils n’ont pas su s’y prendre, paraît-il ! » Dommage qu’ils n’aient pas pris des leçons des Anglais ! En voilà qui savent « s’y prendre ! »

Mais chut ! je ne m’aventure pas sur les terrains brûlants et je ne fais pas de politique, rien que du sentiment et mes sentiments de justice et de pitié étaient étrangement remués hier soir.