Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/65

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dormir paisiblement : leurs petits sont bien soignés et ne sont pas privés d’une tendresse qui croît sous l’amour divin et se prodigue à tous les enfants qui n’ont plus de mère !

Il y a des pauvres idiots souriants, d’autres qui pleurnichent pour manifester leur plaisir : ils font le tour des comptoirs et mettent avec fierté la main au gousset pour payer leurs emplettes ; ils insistent pour que les paquets soient bien ficelés.

Des prêtres vont de groupes en groupes et distribuent la manne qui fait éclore un bon sourire sur les figures les plus moroses.

Une petite vieille toute plissée vient acheter une trousse à un comptoir, une vendeuse lui dit : Laissez, laissez, la mère, je vous la paye votre trousse… — Ah ben, non, par exemple, ça me fait trop gros plaisir d’acheter ! J’ai pas acheté depuis le bazar de l’année passée ! — Et elle compte deux fois ses dix sous avant de les donner. En partant, elle ajoute en clignant de l’œil : Faut ben faire la charité, et ça itou c’est un plaisir !

À la salle des banquets, vieux et jeunes se régalent, servis par les jeunes filles empressées et ils vont ensuite tenter leur chance à la roue de fortune dont les palettes leur sont vendues pour un sou !

Et les sous s’amassent et font des piastres, des dix, vingt, cinquante, cent, et d’autres cent piastres et après quatre heures de fête, on en a recueilli neuf cents. Neuf cents dollars dépensés par ces pauvres qui n’ont