Aller au contenu

Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oh ! Puis-je en prendre trois ? » fit la plus jeune, à la fois ardente et timide. Ses yeux clairs priaient gentiment et sa bonne vieille compagne autorisa, d’un signe de tête, la grosse acquisition. Quand elles se furent éloignées, je voulus voir la jolie chose qui avait allumé cette lueur de convoitise dans les yeux de la jeune fille.

Vraiment l’image était exquise : un Jésus d’une dizaine d’années pétrit de l’argile : à côté, sur une pierre, un groupe d’oiseaux, un autre inachevé dans ses doigts mignons. Joseph, debout sur le seuil de leur petite maison regarde l’Enfant extasié qui suit des yeux un de ses oiseaux s’élevant dans l’espace. Tous les détails sont évocateurs : ou se figure la clarté radieuse de ce ciel d’Orient enveloppant de lumière l’enfant Jésus, et Joseph intéressé et admirant le travail du petit sculpteur. Jésus lui-même regarde ses oiseaux avec complaisance, et on croit l’entendre : « Il ne leur manque que le souffle… que je voudrais les voir s’envoler ! » Le père sourit d’un souhait si irréalisable. Et voilà que Jésus reprend dans ses petites mains tous les oiseaux d’argile, il se penche sur eux pour les baiser, comme font les enfants qui ont de si adorables tendresses pour les choses, et soudain, sous le souffle divin, prenant leur vie dans le désir de Jésus, les oiseaux palpitent, se transforment, deviennent des petits êtres chauds et vivants et qui s’envolent pour obéir au petit Dieu émerveillé