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tié croît en s’enfonçant avec les années, et dont les racines atteignent le fond même de l’être, si bien, que rien ne la détruit : la négligence, les séparations, les abandons font pleurer peut-être, mais ces larmes elles-mêmes alimentent l’affection qui vit quand même.

Ces fidèles partiront pour l’autre monde avec leurs amis dans leur cœur : ils y sont installés pour l’éternité.


XXXVIII

Après un voyage


Hélas ! Il a fallu redescendre des hauteurs, remettre le collier, et recommencer à tourner dans le petit cercle de la petite vie de mon petit village charmant et que j’adorais autrefois, mais cette année, il a été envahi par les « gens de la ville » qui, au lieu de se plier aux habitudes rustiques, implantent chez les campagnards leurs mœurs citadines. C’est une épreuve, allez !

On voit sur la grand’rue des toilettes mirobolantes, jupes extra-collantes et décolletés exagérés ; on rencontre des joueurs de tennis qui décapitent à coup de raquettes les petites fleurs curieuses qui essaient de regarder par-dessus le trottoir ; les jeunes gens et les jeunes filles se sifflent pour s’appeler d’un coin à l’autre, et rient bruyamment des