Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/110

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le vent agite. L’incessant balancement des eaux amène sur les flots une clarté intermittente : cueillie par la houle des vagues, cette clarté gagne, par lentes ondées, les futaies légères du bois, puis elle monte et se mêle à la houle du feuillage, pour s’accrocher enfin aux murs du couvent posé comme un grand oiseau blanc sur l’extrême pointe qui s’avance en dominant la rive.

J’ai l’impression que ce couvent fut bâti pour la mission expresse de recueillir la tranquillité et le silence des environs, et de les transformer en paix sereine et profonde pour l’offrir en don aux âmes craintives qui s’y sont réfugiées. La cloche tinte… et à travers les rideaux baissés, des ombres glissent, observant les distances et toutes semblables.

Je m’imagine les voir entrer dans la chapelle où vacillent les lampes du sanctuaire : des vapeurs d’encens flottent sous la voûte mêlées au parfum des fleurs, et les voix pures et chantantes des Sœurs psalmodient les dernières antiennes et elles terminent dans la prière la journée commencée dans la communion.

Pendant qu’elles prient, un vent froid s’est élevé ; il fouette les vagues, secoue les arbres, tourne en sifflant autour des murs, mais tout est bien clos : ni le vent ni le diable ne pénètrent dans l’asile béni où les vierges reposent dans leurs dortoirs blancs.

Je reviens dans la tourmente, vers ma mai-