Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/121

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parfaitement déraisonnable de se laisser influencer par la température au point d’en perdre momentanément le courage.

On nous le dit et nous l’admettons : hélas ! constatation et admission ne nous empêchent pas de nuancer notre humeur à la couleur du temps !

Il semble que la pluie monotone et grise rende plus lourds les devoirs ennuyeux, et quand le soleil n’éclaire pas les petits problèmes de la vie, nous sommes tentés de croire que notre énergie et nos peines sont gaspillées en pure perte.

Cette impression, — car ce n’est pas autre chose — est tellement nuisible à certaines femmes, qu’à la longue, elles deviennent plus mobiles que les girouettes, au grand détriment de la paix et de la joie familiales. Et je ne vois rien de mieux à leur conseiller que de faire intervenir plus souvent dans leur vie le simple Bon Sens, que je vois, moi, comme un personnage rond et confortable, qui observe gravement, parle avec calme et sourit avec une douce malice de nos agitations vaines et de nos défaillances injustifiées.

Que peuvent la pluie ou le soleil sur une âme qui garde en elle la joie saine de vivre bien et utilement, en faisant ce que comportent son état et ses obligations ? Vous et moi devrions voir qu’il est extrêmement simple d’être, sinon très heureux, au moins satisfaits et paisibles.