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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/134

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LI

Les sacrifiées


J’ai reçu des jolies cartes et de gentils billets à l’occasion « des fêtes », et ravie de ces pensées délicates qui venaient spontanément à moi, je regrettais pourtant de ne pouvoir donner une voix à ces mots aimables, et des yeux à ces amis inconnus.

Puis, à la réflexion, j’ai été bien aise que les choses soient ainsi : en principe, les petits mystères ne me déplaisent pas, et je trouve une douceur étrange à cette attirance exercée par ma pensée sincère sur les âmes où elle trouve un écho et une sympathie. Nous nous rejoignons par ce seul lien fragile, et d’une rencontre réelle surgiraient peut-être des heurts désagréables…

Continuez donc à m’écrire de jolies lettres, sans me dire qui vous êtes, sans savoir qui je suis, et recevez mes remerciements pour le plaisir délicat que m’apportent vos messages.

Les lettres ! Quelle invention merveilleuse ! Quel réservoir toujours ouvert à nos idées, à nos sentiments, au tout de soi qui déborde et veut s’exprimer, mais qu’une pudeur morale étrange empêche de faire passer dans la parole parlée.

S’il y a tant de choses dans les lettres qui partent dûment adressées et affranchies, qui