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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/8

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un rêve, commence pour Nelly qui ne peut plus courir et qu’on ne gronde plus.

On la soigne, on la sert, on consulte ses goûts : elle n’entend que des voix douces et de bonnes paroles ! Pourvu qu’elle ne guérisse jamais ! C’est si bon de se reposer et d’être bien traitée !

Elle croit se laisser vivre… elle ne se doute pas que, tout doucement, elle glisse dans la mort.

Un jour, le chapelain vient : il lui parle de Dieu et du ciel, et il lui demande de se rappeler tous ses péchés pour les lui dire. Elle cherche bien… mais elle n’a pas eu le temps de pécher beaucoup, et toute la malice qu’elle connaît, c’est celle des autres à son égard. Le bon prêtre la bénit et l’absout, car il faut être si pure pour aller voir le bon Dieu !

— Comment ! c’est bien vrai ? Ne retournera-t-elle plus jamais à l’Avenue Laval ? — Non, puisqu’elle va au ciel…

Une extase remplit les grands yeux, la petite main saisit la manche de la soutane : « Ô Father, thank you ! » Elle le remercie avec élan comme s’il venait de lui faire cadeau de la mort.