Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/86

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cédèrent, se répondirent, devinrent le carillon joyeux des baptêmes. — Une pensée amère vint la distraire de l’obsession de la mort désirée : — « Encore un pauvre petit être qui vient souffrir sans savoir pourquoi et que le prêtre vient de bénir ! » — Bénir ! Le mot très doux lui suggère un Dieu penché sur le monde, le bénissant, le protégeant, l’aimant : elle tressaillit… et l’aimant, elle, la pauvre croche ?

Et la cloche continuant à chanter, peu à peu enveloppait, caressante, l’âme douloureuse, et lui disait des choses merveilleuses : « qu’on n’a pas besoin de savoir pourquoi on souffre, qu’il suffit d’accepter doucement ce que Dieu veut : et qu’il nous aime, cela il n’en faut jamais douter ! Puisque nos âmes Lui ont été données dans le baptême, qu’Il les a acceptées, qu’elles sont bien à Lui, il n’est pas possible qu’Il nous abandonne, indifférent à la douleur qui nous fait mal : Il voit plus loin que nous, plus haut et mieux aussi. Si au lieu de L’accuser de dureté nous nous jetions comme des petits enfants dans Sa tendresse, nous serions consolés, nous serions aimés… infiniment…

Les cloches se taisent et l’infirme écoute encore les secrets ineffables que lui murmure la voix : elle commence à entrevoir que, de sa souffrance, peut naître de la sérénité pour elle, du bien pour les autres ; elle va comprendre qu’il est possible qu’elle devienne heureuse du sacrifice volontaire et accep-