Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, deuxième série, 1915.djvu/91

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miens, que j’ai enfin découvert qu’ils me redisent mes propres confidences !

Et ce qui fait le charme de ces entretiens merveilleux, c’est la mémoire de la nature qui emmagasine mes secrets depuis si longtemps, qui ramène mes confidences de si loin, qu’elles me semblent d’abord des étrangères que j’accueille avec réserve, puis, peu à peu, je les reconnais et je revis ainsi des heures d’autrefois, charmantes, douces et oubliées.

De revoir le passé me rend bonne parce que cela me rend plus vivante et plus heureuse. Dans la clarté fraîche et lumineuse des bois de mai, il me semble que je me baigne dans la force et la pureté. Croire à la laideur paraît impossible dans toute cette beauté, et je me dis qu’il y a plus d’ignorants que de vicieux, plus d’inconscients que de méchants, et que si tous ceux qui errent étaient plus aimés, ils seraient meilleurs.

On m’a souvent dit que j’avais le grand tort de croire au bien trop facilement et que j’étais désarmée ainsi devant le mal ?

C’est possible, mais si c’est un défaut, il n’est pas « laid » et il ne nuit qu’à moi.

Car mon défaut, en somme, consiste à deviner sous les actions vilaines, des motifs, qui, en les expliquant, excusent un peu celui qui les a commises, et à trouver si à plaindre les méchants, qu’à force d’en avoir pitié, je les aime un peu.

Savez-vous ce qui arrive quand on témoi-