Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/12

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leurs prétentions, proclamé leur excellence, il se fit un petit silence que je soulignai d’un sourire moqueur, qui souleva leurs protestations, et on me somma d’expliquer cette si discrète ironie :

« Que vos impertinentes déclarations sont bien l’expression de l’orgueil masculin ! Je suis de votre avis sans l’être… votre supériorité sur nous est si relative ! Ce qui est absolu, par exemple, c’est votre… disons votre naïveté si vous voulez. À quoi sert de crier si haut que vous voulez régner, dominer la femme, être les maîtres ?

C’est si inutile, et ne sentez-vous pas que c’est un peu ridicule ? Les femmes qui refusent de s’incliner devant votre supériorité, les révoltées, les féministes sont irréductibles : elles s’exercent à vous détester et échappent ainsi à votre influence.

Les autres, les vraies femmes, même les plus orgueilleuses et les plus fières, acceptent d’instinct et joyeusement le joug que l’amour leur présente. Celles-là ne seront jamais vos rivales, même si elles vous sont supérieures.

Quand une femme aime un homme, il devient, de par sa volonté à elle, son Seigneur ; elle reconnaît aveuglément tous ses droits, il ne lui vient pas à l’idée de discuter sa supériorité et même son autorité. Alors, je vous le demande, pourquoi tant discourir ? Il y a mieux à faire ! Faites-vous aimer, c’est bien plus simple ! Pour moi, le cas le plus heureux