Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/127

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nous, et après avoir soigneusement caché les trésors de nos âmes, nous nous indignons d’être mal jugés et incompris.

Nous nous sommes fixé certaines limites étroites que nous nous interdisons de franchir dans la crainte de paraître exagérés, et pour échapper à ce reproche, nous nous donnons les apparences d’êtres secs et froids.

Le monde est rempli d’enfants qui ont faim des caresses de leurs mères, de parents qui gémissent de l’indifférence de leurs enfants, de malades qui sont blessés du manque de sympathie de ceux qui les soignent, pendant que ces derniers n’aperçoivent aucuns signes de reconnaissance chez les malades pour lesquels ils se dévouent.

Et tous ces gens s’aiment au fond, ils ont de la sympathie les uns pour les autres, mais un sot orgueil, une réserve ridicule leur ferme la bouche, et au lieu de laisser s’épanouir et s’exprimer les sentiments de leur âme, ils les dérobent si bien que personne ne soupçonne leur existence !

C’est une grande erreur et la source ordinaire de la plupart des malentendus.

S’il est vrai que nous ne valons que par ce qu’il y a de profond dans nos âmes, il est évident que nous ne serons appréciés que si nous laissons ces sentiments se refléter dans nos parole et nos actions.

Rien n’est aussi mesquin et aussi laid que la perpétuelle comédie que jouent les hu-