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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/3

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EN GUISE DE PRÉFACE

Malgré les plus vives instances de ma part et le sentiment du public dont je me croyais volontiers l’écho, Fadette a constamment refusé de paraître en face de l’objectif. Par surcroît de malheur et, sans doute, pour racheter ma présomption, me voici contraint d’offrir à ce même public, si profondément déçu, un vague profil d’âme au lieu d’une frimousse authentique, ou, si l’on veut, un trois-quarts littéraire au lieu du solide portrait en pied, lequel, mieux que des pages et des pages, eût expliqué le caractère de l’œuvre et le succès de l’écrivain. Et pour mieux corser ta sentence, on m’impose, au cours de cette ébauche, la vertu la moins familière aux gens de mon métier : la discrétion. Qu’au moins le lecteur, — de nouveau condamné aux mêmes recherches, aux mêmes disputes, aux mêmes gageures autour d’un nom, — ménage au préfacier son plus bénévole accueil. Je suis assez puni.

Cependant, l’énergique refus de Fadette me facilite la tâche, en ce qu’il me révèle un trait dominant de son caractère. Homme ou femme, ange ou…, vétéran de nos lettres canadiennes ou recrue de la veille, l’admirable artiste qui nous apporte cha-