Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/31

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pour disparaître dans l’ombre infinie comme les pauvres oiseaux perdus. Le fracas d’aucune tempête, la profondeur d’aucun abîme n’empêchent leur cri d’atteindre Dieu et de l’attirer vers elles. Et les âmes humaines ne mesurent toute leur faiblesse et ne soupçonnent toute la puissance divine que lorsque, des profondeurs de leur être, est sorti ce cri qui remue le cœur de Dieu. En le lançant elles ont dépouillé tous les artifices dont nous entourons nos joies et nos chagrins : aussi longtemps qu’inconsciemment, nous jouons la comédie en nous parant de nos bonheurs ou de nos douleurs, nous ne sommes pas touchées à fond et au vif, et nos prières sont de vains mots.

La révélation du fond de nous est dans ce cri de l’âme épouvantée, aux abois, désespérée, autour de qui tout ce qui est humain, s’écroule et qui ne peut attendre de secours que d’en haut.

Cette heure vient pour tous : les moins religieux, les plus frivoles, ceux dont la foi semble morte la poussent à leur tour, la clameur qui déchire les ténèbres et fait pencher le Seigneur sur leur misère.

Il vient, si prompt à l’appel, que l’une des choses les plus étonnantes de ce monde, c’est que pleurant si souvent, nous sachions si peu prier !