Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/43

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si peu pour penser ! Mais ils font leur oeuvre bonne ou mauvaise et ils nous mènent.

Voilà aussi comment je vois le rôle des femmes dans le monde : elles sont légion pour le bien, légion aussi pour le mal, et le monde est mené par elles, et il dépend de l’influence prédominante des unes ou des autres, que la société soit saine ou mauvaise.

Celles qui exercent une influence néfaste ne le savent pas toujours. Les jeunes filles, par exemple, ignorent souvent qu’elles provoquent l’oubli du bien, qu’elles sont conseillères dangereuses, non parce qu’elles agissent mal, mais parce qu’elles n’ont aucun souci du bien, qu’elles vivent comme des petites marionnettes ; elles ressemblent aux idoles antiques : « elles ont des yeux et elles ne voient pas, des oreilles, et elles n’entendent pas », et à côté d’elles, pendant qu’elles s’amusent, un frère, un cousin, un ami sont en train de se perdre, de devenir ivrognes, ou joueurs, qui ne le deviendraient pas, si, trouvant son esprit et son âme, la jeune fille s’en servait pour aider ces grands enfants, plus fous que méchants, et si faciles à influencer, qu’elle les retiendrait de sa petite main, si elle pensait à la leur tendre.

Vous parlerai-je des méchantes dont les insinuations furtives, les sourires équivoques, les coquetteries mauvaises provoquent toutes les folies et appellent toutes les extravagances ? Non, celles-là veulent être des tentatrices,