Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/60

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temps on était plus raisonnable ! » Et quand surviennent les désappointements, elles crient sans répit aux petites corneilles transies : « Je vous l’avais bien dit ».

Elles se croient très sages, ces vieilles rabâcheuses, elles n’en sont pas moins des vieilles folles, et elles le prouvent en ne se taisant pas.

Les jeunes corneilles ont toujours été pressées d’arriver, et elles le seront toujours. Et pourquoi les en blâmer, si elles sont plus heureuses d’un voyage prématuré que d’une attente ennuyeuse. Et voilà le point à considérer, quand on se mêle de donner des conseils !

Les femmes qui ont beaucoup d’expérience ont le tort de vouloir en faire de la sagesse pour les jeunes. Celles-ci ne profiteront que de leur propre expérience… et encore ! Chaque âge a ses qualités. Il est bon que les jeunes femmes soient ardentes, confiantes, d’une activité dévorante, imprudentes à force d’audace. Elles commencent, elles ont tant à faire ! La sagesse et la modération de leur mère ? Elles ne sauraient vraiment qu’en faire et elles ne se laissent pas impressionner par cet « autrefois », évoqué avec tant de persistance par les matrones de leur entourage.

Ah ! cet autrefois, où l’humanité entière grimpait à l’échelle de la perfection… elles n’y croient pas aveuglément, et d’ailleurs, ce n’est pas le passé qui leur importe, c’est le