Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/73

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je cherche en vain une pensée à vous communiquer. Elles dorment toutes et je n’ai pas le courage de les appeler. Il suffit d’en faire lever une pour agiter les autres, et elles recommenceraient autour de moi leurs « pourquoi », leurs « si » et leurs « comment », et moi je recommencerais à vivre comme avant et comme vous !

Vous allez donc excuser Fadette cette fois ? Elle ne vous envoie que son sourire qui évoquera peut-être à vos yeux la vision d’un pays où l’on végète délicieusement et où l’herbe est si verte qu’on en mangerait, si on pensait devenir ainsi une bonne petite bête paisible, douce, jamais tourmentée, qui ne cesse de brouter que pour mourir.

Ah ! ne rien faire et surtout n’avoir rien à faire, se taire autant qu’on veut, n’entendre que les voix du bon Dieu dans la nature, ne rien désirer, ne rien regretter, c’est plus bon que vous ne sauriez l’imaginer, mortels actifs qui me lisez ! Et je termine en vous souhaitant ce bonheur en ce monde et un paradis tout semblable dans l’autre.


XXVIII

Les pauvres petits


Les lilas embaumaient ce soir-là, et leur parfum entrait comme une joie subtile dans mon âme redevenue rustique et reprise à la vie vraie de la campagne. J’allais au mois de