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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, première série, 1914.djvu/79

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Je ne sais où j’ai lu ou entendu celui d’une fée blonde, fine, menue et jolie, enfermée par vengeance dans un palais de givre où elle devait demeurer jusqu’à ce que, le froid la gagnant, elle devînt la statue de glace ornant le palais de givre.

De sa prison, un jour, la fée vît distinctement les rayons du soleil dansant sur les montagnes voisines, elle crut entendre les appels des oiseaux et les soupirs des fleurs pâmées sous l’ardeur du soleil, et toute en émoi, ce fut son cœur, son pauvre petit cœur transi et muet depuis si longtemps qu’elle entendit chanter éperdument : — « Oh ! tais-toi ! tais-toi », faisait la petite fée angoissée, tu me tortures, je commençais à ne plus rien sentir dans l’engourdissement du froid ».

Mais le cœur, grisé par la vie entrevue, ne voulait pas se taire…

Alors la fée se dit : « À quoi bon un cœur si l’on ne peut pas aimer ? » Et de ses doigts blancs, elle arracha de sa poitrine la petite chose frémissante qui ne voulait pas se taire, et elle courut le cacher sous une grosse pierre, pensant que sa prison serait moins dure si elle ne l’entendait plus chanter.

Depuis qu’il n’y a plus de fées dans ma vie, en ai-je rencontré de pauvres être humains enfermés dans des prisons de glace et condamnés à y geler ! Les uns seuls, les autres avec des compagnons de misère, tous ne sachant que faire de leur cœur qui s’obsti-