Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/116

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Vous me direz que dans tout cela, le rôle du mari n’est pas brillant ? Peut-être, mais il y a de ; excuses. D’abord, il ne sait pas jusqu’où va la dureté de sa sœur qui continue à l’entourer de soins et de tendresse ; il respire bien autour de lui la gêne, et quelquefois, des menaces de tempête, mais sa femme, avec le sublime désintéressement de l’amour, et afin de le ménager, lui cache bien des choses. Et il saurait tout, qu’il ne pourrait peut-être rien empêcher. Il faut que sa sœur vive chez lui : c’est stipulé dans le testament qui l’a fait héritier de la maison paternelle. Alors ?

Alors, ses discours et même ses colères ne pourraient qu’aggraver une situation déjà pénible en augmentant la haine de la vieille fille qui est jalouse de la jeunesse et de l’amour. Et comme trop souvent en cette dure vie, c’est la force et la méchanceté qui triomphent. La ravissante idylle a sombré dans le drame muet où disparaîtra peu à peu un bonheur si légitime pourtant. C’est en m’informant de la petite Marie que j’avais été renseignée avec les amplifications de rigueur, et tout à fait intéressée, je résolus de voir la jeune femme chez elle. C’est facile de trouver un prétexte à la campagne.

Elle est toujours jolie, peut-être plus qu’autrefois, mais bien différente… est-ce parce que je savais, que j’ai deviné tant de tristesse dans ses yeux pendant que bravement elle souriait en rappelant notre dernière rencontre ?