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détracteurs qui prétendent que les femmes ne sont pas logiques. Notre animation avait chassé la tristesse du commencement de l’après-midi, et quand vint l’heure de nous séparer, ce fut au milieu de joyeux bonsoirs, que se dispersèrent, dans la neige toute fraîche, les « fidèles » de notre vendredi.


V

Le Grand Maître


La Bruyère voulait probablement dire une grande méchanceté aux femmes en affirmant « qu’elles guérissent de la paresse par la vanité et par l’amour. » Il est bien charmant ! Plût au ciel qu’on pût dire des hommes que l’amour les guérit de leurs défauts !

N’en déplaise à La Bruyère, ce serait plutôt à l’éloge des femmes qu’un de leurs défauts pût se guérir par le sentiment, et que la femme qui aime fût susceptible d’une transformation totale.

Hélas ! l’expérience est là pour démontrer lamentablement que l’amour qui prétend tout transformer et renouveler dans les âmes n’a pas un règne assez long pour que ces changements à vue soient durables. J’ai une tendance irrésistible à donner des figures aux choses abstraites, et je me représente les âmes habitées par des esprits bons et mauvais qui conseillent, suggèrent, entraînent