Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/139

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tournèrent au plus mal pour moi en cette difficile affaire.

J’eus une indignation un peu dédaigneuse qui s’exprima vertement en passant devant la statue de saint Antoine : « Vous n’êtes pas un gentilhomme et je n’aurai plus d’affaire à vous. »

Comme vous le voyez, nous étions en « délicatesse » et je ne pensais pas à lui sans un grain d’amertume. Un jour, accédant à la prière d’un de mes amis, à qui je ne l’avais pas demandée, saint Antoine, qui songeait évidemment à un rapprochement, me remit presque dans les mains un objet perdu, vainement cherché, et dont la disparition me désolait.

Je vis bien qu’il s’acquittait et je lui en sus gré, et comme un bon procédé en appelle un autre, je cherchais l’occasion d’être gentille pour lui. Je viens de la trouver. J’ai lu avec un vrai plaisir un petit livre tout à la louange de saint Antoine : le titre éveillera votre curiosité, et quand je vous en aurai nommé l’auteur, vous saurez qu’au rebours de toute morale bien faite, votre curiosité aura une jolie récompense. « Si Quaeris », si vous cherchez… et qui ne cherche pas dans le monde ? Tous nous cherchons sans cesse, nous cherchons Dieu, la vérité, des amitiés, le bonheur, la fortune, les succès, nous cherchons notre bourse ou nous cherchons notre canne, mais inlassablement nous essayons de trouver quelque chose.