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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/30

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Est-ce un arrêt… on le dirait… le chemin de Dieu n’est plus visible. Mais cet arrêt ne dure guère, car la Vie perd vite ses airs séduisants et chaque jour la fait plus sévère.

Après les soucis matériels qui se multiplient, voilà la déception qui entre en scène. Les amis choisis deviennent indifférents ; les dévouements sont méconnus ; ce qu’elle croit posséder n’existe pas et elle recommence à dire, mais avec quelle angoisse plus poignante : « Est-ce donc tout ce que je reçois après avoir tant donné ? »

Elle est consternée… mais avec la ténacité propre à la pauvre humanité, elle repart encore, un peu plus fière, un peu plus défiante de ce qu’elle juge indigne de son attachement et de son intérêt, mais avec encore l’espérance de trouver mieux.

Sans le savoir, elle est entrée dans le chemin de Dieu, mais elle y marche lentement et sans goût, car elle ne se doute pas que c’est Lui qui l’attend un peu plus loin.

Ce sentiment ne lui vient qu’avec la douleur, la vraie, celle qui atteint l’âme jusque dans ses profondeurs, quand les aimés lui sont arrachés par la mort ou l’abandon, que les confiances sont trahies, que ce qu’elle croyait solide s’écroule. Pour la première fois elle a peur de la vie, de ses laideurs, de ses cruautés, de sa propre solitude : elle ferme les yeux, car la lumière qui viendrait éclairer tant de tristesses lui fait horreur.

Mais elle reprend pied, — on ne meurt pas de chagrin ! — et elle se retrouve sur