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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, quatrième série, 1918.djvu/56

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Cet être si loin d’ici,
C’est moi, c’est mon âme ;
Contre le souci,
J’ai trouvé le pur dictame,
En mon esprit, pour jamais
L’aurore se lève ;
Sur les blancs sommets,
Je chante, je chante, je chante
Au Château du rêve ! »

La mélodie s’insinue à travers l’accompagnement léger où passe le frisson des feuilles, le murmure des sources, toute la confuse rumeur des lointains crépusculaires. Fascinés par le rêve chanté qui réveille les rêves ensevelis, nous sommes bien loin, quand les vibrations des dernières notes s’éteignent lentement. Pour moi qui vois les sons, le dernier accord, effleuré à peine, me paraît une question en suspens, lasse d’avoir cherché le mystère impénétrable.

La petite chanteuse immobile est pensive, ses yeux sont tout embués du rêve qui dure… L’éternel rêve qui berce les humains et dans lequel ils puisent l’inspiration, l’espoir et la vaillance. Le rêve qui est le seul bonheur de quelques-uns.

Laissons-la rêver, la petite princesse. Hélas ! au sortir du songe heureux, elle sera étreinte par la Réalité. Il viendra peut-être, le Prince… Mais… Mais ! Prendra-t-il tout le cœur tendre et pur et lui donnera-t-il une pierre en échange ?