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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/132

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la loi joyeusement observée parce que c’est lui qui l’impose.

Je suis bien d’avis, pour ma part, qu’un homme intelligent, délicat, assez « supérieur » pour s’occuper moralement de sa femme, la façonnerait telle qu’il la souhaite. Seulement je suis forcée de reconnaître que les maris ont rarement cette bonne influence parce que, en général, ils sont au-dessous de leur rôle. Plaçant toute leur supériorité dans leur qualité de mari, ils perdent de vue le danger d’être jugés par des yeux clairvoyants que l’amour tient moins longtemps fermés que la plupart ne se l’imaginent : ils ne se donnent aucune peine pour conserver l’amour qu’ils considèrent leur appartenir de droit, et ils exigent de leur femme toutes les perfections humaines et surhumaines dont ils donnent l’exemple comme nous savons !

Aussi faut-il voir filer leur prestige et l’amour qu’ils inspiraient remplacé par l’amertume et la rancune ! Et voilà l’histoire de bien des amoureux que l’approche de Pâques jetait en extase et que les neiges de Noël verront pleurer.

Cette triste histoire se modifierait cependant, si on faisait comprendre au jeune homme que sa prétention peut bien le gonfler à en crever, mais qu’elle n’empêchera pas sa femme de le juger « à sa valeur » ; et à la jeune fille, que dans cette question du bonheur à créer et à conserver, il ne faut pas tout laisser à l’impulsion et au hasard.