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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/134

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XLIX

Confession

Tout mystérieux, incompréhensible et compliqués que nous soyons, nous ne le savons qu’un peu tard dans la vie, quand nous avons souffert des étranges jugements portés sur nous et quand nous nous sommes trompés en jugeant les autres.

On ne livre à personne, pas même à sa plume, le dernier mot de sa nature. Notre âme ressemble à ces coffrets à double fond dont le dessus est seul accessible à tous : ils se croient bien fixés sur la nature des objets que le coffret renferme, alors qu’il y a, sous ce qu’ils voient, une cachette dont nul que le propriétaire ne soupçonne l’existence.

Ceux même qui nous aiment le plus ne font qu’entrevoir à travers leur sympathie, ce qu’ils croient ou désirent être nos qualités. Voilà pourquoi, quand ils cessent de nous aimer, ils trouvent mille raisons d’expliquer et de justifier leur inconstance.

Nous ne sommes pas devenus imparfaits du jour au lendemain, mais ils ont cessé de nous regarder avec complaisance.

Et ces courants de sympathie et d’antipathie des mêmes personnes pour les mêmes personnes se trouvent dans toutes les affections humaines, qu’elles se nomment amour ou amitié : ils sont la cause des plus grandes