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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/149

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— Ils deviennent bons avant de mourir, Dieu leur pardonne et ils vont au ciel aussi. — Vous êtes bien, bien sûre de cela ? — Oui. — Si je le demandais à monsieur le curé, dirait-il « sûr » qu’il n’y a pas de diables ? — Oui… demande-le-lui, il m’a dit qu’il venait te voir demain, pour te préparer à communier… tu verras qu’il n’y a pas de diables ! »

Quand je partis, il me dit avec son petit sourire d’autrefois : « On ne le dira pas à ma tante, pour les diables… et comme je dormirai bien… puisqu’il n’y en a pas ! »

Je mis le curé au courant et il consentit à ne pas me contredire. Nous ne devions pas enseigner l’hérésie longtemps !

Trois jours après, le jour de sa première communion, Lucien mourut et alla apprendre de l’autre côté pourquoi il avait été si malheureux, lui qui n’était coupable que d’être orphelin !

LVI

Nos filles

Se doute-t-on qu’un des grands obstacles à l’effort personnel et à l’initiative privée des jeunes filles se trouverait dans la simple et prosaïque question d’argent ? Ceci est vrai même pour celles qui appartiennent à la classe aisée.

Il est admis, élevé à la hauteur d’une sorte de dogme, dans nos familles, qu’un jeune