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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/27

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Ils sont heureux ou malheureux en dehors de toute circonstance extérieure par le seul fait d’exister. Le même paysage, la même mélodie jette l’un dans l’extase et fait sangloter l’autre.

Nous connaissons, vous et moi, des personnages qui portent la joie en elle et la projettent autour d’elles comme de la lumière, les graphologues les appellent des rayonnants. Est-ce trouvé cette expression ! Elle les exprime admirablement. D’autres pauvres âmes traînent à leur suite une ombre qui éteint toute joie sur son passage. Il faut les plaindre et essayer de ne pas leur ressembler, ô mes sœurs plaignardes, ô mes frères grognons !

Après tout, c’est facile d’être heureux, et cela dépend plus de nous que nous ne le croyons. Il est bien entendu que je ne vous promets pas une vie exempte de chagrins, mais je vous dis que les plus vives souffrances peuvent être suivies d’aussi vives réactions de la volonté ; je vous dis que l’habitude d’accepter doucement la vie donne à l’âme une merveilleuse légèreté qui ressemble à la joie à s’y méprendre, et je vous assure que l’action étant en elle-même une jouissance, tant que vous agirez courageusement, vous ne serez pas tout à fait malheureux.

Et puis, les grands malheurs aussi bien que les grands bonheurs, sont les accidents de cette vie, qui se déroule ordinairement dans une monotonie médiocre qu’il dépend de nous