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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/34

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LETTRES DE FADETTE

ver leurs fils, ou sont-ils, au contraire, par l’exemple qu’ils leur donnent, des initiateurs à la vie de plaisir ?

Qu’il s’en perd, de pauvres enfants, qui, sous prétexte de se divertir, s’habituent insensiblement à boire : c’est d’abord une fois en passant, puis, les occasions se multiplient, et le jeune homme, dominé par un sot amour-propre, n’ose refuser les compagnons plus aguerris et déjà fêtards.

Poussé par cette vanité de la jeunesse qui n’est pas encore complètement dégagée des timidités de l’enfance et veut les cacher, il s’applique à imiter les pires modèles et sa gloire serait de les dépasser !

Il n’a pas honte du mal qu’il fait, mais du bien qu’on pourrait le soupçonner de faire ! Il rougit d’être délicat et sensible : il se cache pour entrer dans une église : il n’a pas le courage de protester quand, devant lui, on insulte les gens et les choses vénérables. Il s’affiche en mauvaise compagnie, moins parce qu’il s’y plait que parce que cela le pose. Il rivalise de sottises avec les plus fous et d’extravagances avec les plus dépensiers, et comme les fonds viennent à manquer, il joue.

Et ce sont vos fils, ô gens pratiques, qui n’avez que le souci de « faire » de l’argent. « Oh ! cela n’a qu’un temps », dites-vous avec calme. Mais ce temps dure peut-être assez pour que votre fils contracte des habitudes tyranniques, et qu’à vingt-quatre ans il soit fini ? Il ne sera peut-être jamais qu’un inca-