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LETTRES DE FADETTE

toutes frémissantes sur leurs longues tiges, et des petites primevères et des herbes folles, et des fougères frêles pas encore toutes déroulées… Je marchais dans le vent parfumé et dans le bon soleil, et au bout de mon chemin, devinez ce que je trouvai ? Je vous le donne en mille !

Ma lettre, mes amis ! ou, plus exactement, le sujet de ma lettre, qui, au rebours de toute morale bien faite, m’attendait pour me récompenser de ma belle flânerie et de ma grande paresse !

Et elle n’est pas banale, « mon sujet », avec ses yeux clairs, son nez retroussé, ses cheveux fous autour d’un teint et d’un sourire ! Un sourire qui fait de la lumière.

Je la surpris se regardant dans un miroir grand comme la main, suspendu par une ficelle au mur crépi d’une cuisine où j’étais entrée par la porte grande ouverte.

Elle rougit en me reconnaissant, toute confuse d’avoir été prise à se contempler. — Non, madame, plus un œuf à la maison. Le père les a tous portés à la ville dré le matin.

Rien à faire, alors ; je me lève pour partir. Elle me suit, donne un tour de clef à sa porte, et me confie qu’elle fera un bout de chemin avec moi, car elle s’en va à une source qu’elle nomme « La ressource du Pin Parlant ».

Et vous comprenez que je questionne, ravie de ce nom qui rappelle le beau temps des fées. Il paraît que ce Pin merveilleux va