Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ma solitude. Sur le livre entr’ouvert, sur les portraits familiers, le cercle blond se pose, et tout autour la lueur rose de l’abat-jour met une ombre tiède et attendrie.

C’est bon d’être dans la pièce close, à l’abri des choses brutales qui vagabondent dans l’espace, et des choses méchantes qui, sans trêve, sortent du noir que des éclairs fulgurants déchirent sans l’éclairer. La grande horloge va toujours d’un mouvement monotone et doux : un grain de sable suffirait à l’arrêter, mais elle défie la tempête qui gronde sans l’attendre.

Je rêve des cœurs humains, de tout ce qui les garde et les protège contre les haines et les séductions du mal… et je vois les affections de femme comme des réfugiés bénis où jeunes et vieux ont besoin de se mettre à l’abri. Les mères, les épouses, les fiancées, les sœurs et les amies comprennent-elles assez que c’est vers elles qu’ils viendront, les forts, quand la tempête les menacera, quand ils seront las ou découragés ? Si elle le comprenaient, ne seraient-elles pas toujours au poste, gardiennes fidèles du foyer, prêtes à les accueillir ? Il y en a tant qui n’y sont jamais !


XVII

De l’éducation

J’ai lu autrefois un livre très curieux. C’était l’aventure d’une femme découvrant en