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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/48

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battre. Cette force combative devrait être développée chez les enfants : on cherche le plus souvent à la faire disparaître.

Pour ma part j’aime mieux un petit révolté qui se cabre d’instinct sous le joug, que ces natures passives qui subissent sans dire mot, en courbant la tête, toutes les tyrannies et toutes les exigences.

Le premier est plus difficile à former : il y faut beaucoup de fermeté douce et tenace, mais s’il est bien élevé, dans toute la force du mot et de la chose, il fera un homme qui saura ce qu’il veut, qui ne subira pas les influences presque inconsciemment, qui saura enfin se résister à lui-même aussi bien que résister aux autres.

Ceux qui tombent aux pires dégradations sont les mous, les lâches, les oisifs, les irrésolus, et il n’est pas d’efforts que nous ne devions faire pour faire grandir chez les enfants l’initiative et la conscience de leur force, afin qu’ils sentent la possibilité de résister à tout ce que réprouvent leur conscience et leur cœur.

Vous pensez bien que les pauvres parents qui font devant leurs enfants cet humiliant aveu : « Je ne puis en venir à bout », n’auront pas un brillant succès dans cette formation sérieuse d’un caractère ! Je le répète et on me croira sans peine, c’est difficile de développer la force en demandant l’obéissance et de faire céder la volonté sans la briser. J’éprouve toujours une impression pénible