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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/72

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dessous, un cartouche, avec l’inscription en caractères gothiques :

“On m’appelle la Pierre des Bavardes
Bien connue des mauvaises langues.
Qui est d’humeur querelleuse, médisante,
Sera contraint de me porter par la ville.”

En effet, porter cette pierre au cou était un châtiment en usage au treizième siècle, et il était spécialement réservé aux femmes « qui disent vilain laid à autrui et d’autrui. »

Ce « vilain laid », vous l’avez deviné, c’étaient les injures, imprécations, médisances et calomnies que les femmes du Moyen-Age ne se gênaient pas de répandre, et que les législateurs de l’époque, animés du désir de les mettre à la raison, punissaient en les condamnant soit à l’amende, soit à porter cette pierre lourde et grimaçante à leur cou, pendant qu’on les promenait par la ville, exposées aux sarcasmes et à la risée de la population.

Il est heureux pour les Commères de nos jours qu’il ne soit plus question de cette peine infamante et ridicule, car nous verrions souvent cette grotesque cérémonie dans les rues de nos villes et de nos villégiatures à la mode, où les femmes désœuvrées et bavardes deviennent méchantes à faire frémir ceux qui les écoutent !

Ces femmes sont des petits carnassiers à qui il faut des âmes toutes vives à dévorer :