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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/76

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LETTRES DE FADETTE

Nous constatons notre propre inconstance et notre égoïsme, est-ce que cela nous empêche d’attribuer à ceux que nous aimons une puissance de fidélité et de dévouement surhumains, et de les trouver impardonnables quand ils nous déçoivent ?

Nous sommes si inconséquents et si puérils que nous ne nous en rendons pas même compte… et quand nous commençons à voir clair, à comprendre, c’est que nous sommes près de nous en aller au fond du mystère… et jamais nous n’en reviendrons pour l’expliquer aux autres, et ils continueront d’être inconséquents et puérils !


XXVIII

Désespoir


La soirée est douce, remplie de chansons et de parfums : on dirait la prière des oiseaux et l’encens de la terre, avant que s’en aille dans la nuit la journée lumineuse et chaude. Les rayons du couchant allument des moires roses sur le grand lac immobile, et les pins, tout autour, ressemblent à une foule grave et recueillie attendant patiemment quelqu’un qui va venir.

Elle attend aussi, la pauvre fille, au bord des eaux profondes a disparu son fiancé : les recherches ont été vaines et le lac ne rend pas sa victime… Que cherche-t-elle de ses yeux navrés et tristes ? Croit-elle retrouver la dernière pensée de son ami à qui un