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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/79

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est ramenée à terre il est trop tard : sa pauvre âme désemparée a trouvé le grand repos.

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À la pension, le lendemain, il n’était question que de ces deux noyades, où l’on voyait deux drames distincts. Il est si rare que nous connaissions de façon exacte la nature et la valeur des choses ! N’est-il venu à la pensée d’aucune de ces femmes, qu’elles avaient été égoïstes, indifférentes et aveugles, et aucune d’elles n’aura-t-elle un vague remords d’avoir vécu des semaines près de cette tristesse sans lui offrir de la simple sympathie humaine ?


XXIX

Ma vieille cousine


Depuis quelques jours, je suis chez une très vieille parente que j’appelle ma tante et que j’aime en l’admirant, ce qui est la plus haute manière d’aimer. Elle marche avec peine et sa figure ridée est toute petite dans l’auréole de ses jolies coiffes d’autrefois. Son esprit est alerte, son cœur renferme des trésors de délicatesse et de bonté intelligente, et je recueille toutes ses paroles avec le sentiment que jamais plus je ne rencontrerai un jugement aussi éclairant et une sagesse aussi persuasive.

Elle me disait ce matin : « Comme on est heureux quand il fait aussi beau temps ! »