Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, troisième série, 1916.djvu/86

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Et j’ai protesté, j’ai dit que souvent ils ignorent qu’on a besoin d’eux, ils ne savent comment s’y prendre pour aider les pauvres … — « Alors, dites-leur de venir à nous qui travaillons, qui visitons les pauvres, qui connaissons leurs besoins… »

Et celle-là aussi, mes amies, me demandait de faire appel aux trésors de pitié que renferme tout cœur de vraie femme.

Si, dans les cinémas où vous perdez beaucoup de temps et d’argent, on pouvait faire défiler sous vos yeux les seuls malheureux visités par les dames de l’Assistance maternelle, par exemple, vous verriez des misères que vous n’avez jamais soupçonnées ! De pauvres femmes malades qui n’ont pas même un lit, des bébés enveloppés dans de vieux chiffons, des garde-mangers vides, et des petits affamés qui pleurent pour avoir du pain. Vous ne croyez donc pas à cette misère dont on vous parle si souvent ? Ou peut-être préférez-vous l’ignorer afin de n’être pas troublées dans votre petite vie égoïste et vide ? Alors vous n’auriez pas de cœur ? comme le disait cette femme charitable qui consacre le meilleur de sa vie à ses pauvres.

Je vous pose la question, vous pouvez y répondre tout en flânant sur la grève en robe écourtée et en souliers pointus ! Vous découvrirez peut-être que vous n’êtes qu’un mannequin bien habillé ou une poupée comme celles des contes d’Hoffmann qu’il faut remonter à la manivelle pour la faire agir ?