Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Ce n’était pourtant pas au ministère actuel qu’il appartenait de compter sur l’inhabilité d’autrui !

Dans les conventions internationales, dans les traités de commerce, on offre invariablement à peu près l’équivalent de ce que l’on demande, et on n’a jamais vu encore un gouvernement demander beaucoup à un autre gouvernement et ne rien lui offrir.

Au gouvernement responsable du Canada était réservée la première énormité de ce genre.

La réciprocité commerciale que nous demandons et offrons tout-à-la fois au gouvernement Américain ne doit s’étendre qu’aux produits de l’agriculture et des forêts.

Pour ces produits, les États-Unis nous offrent le seul marché où nous puissions obtenir des prix élevés, car ceux que nous obtenons en Angleterre ne sont pas suffisants.

D’un autre côté les États-Unis ne peuvent pas écouler en Canada leurs produits agricoles ou forestiers. Nous ne pouvons pas acheter d’eux ces produits, puisque nous les vendons parce que nous avons un surplus.

Les États-Unis ne nous vendent donc que les objets de consommation que nous ne produisons pas et qu’eux produisent.

Ces objets sont des produits manufacturés de plusieurs espèces.

Or, tout en demandant au gouvernement Américain, l’abolition des droits Américains sur nos grains et nos bois, nous n’offrons pas d’abolir les droits Canadiens sur les produits manufacturés que nous tirons des États-Unis : en d’autres termes nous demandons l’abandon des droits qui pèsent sur nous, mais nous ne voulons pas, de notre côté, faire l’abandon de ceux qui pèsent sur les Américains.

Le ministère a voulu faire avec le gouvernement Américain de la justice égale à la Sydenham, tout pour l’un, rien pour l’autre.

Des chiffres vous feront mieux saisir tout le ridicule de cette tentative.