— Or, Messieurs, dans l’état actuel de nos finances et de nos ressources, le gouvernement n’a aucun moyen de suppléer à un semblable déficit.
La conséquence de l’obtention de la réciprocité peut donc être le recours forcé, inévitable aux taxes directes pour subvenir aux besoins du gouvernement, qui a toutes les peines du monde à faire face à toutes nos dépenses publiques et aux intérêts de la dette, même avec ses moyens actuels. Or la réciprocité devant les diminuer d’un tiers, qui devra combler le déficit ? Évidemment le producteur Canadien que la réciprocité aura enrichi. Le gouvernement nous reprendra donc une grande partie de ce que la réciprocité nous donnera.
Voyons maintenant ce que l’annexion produira au pays ; de prospérité, de richesse, de bien-être politique et social.
Avec l’annexion, Messieurs, il y aura entre les États-Unis et le Canada, pleine liberté de commerce, avantage que la réciprocité, telle que voulue par le ministère, ne nous donnait pas.
Avec l’annexion, nous nous débarrassons de suite de notre énorme dette publique dont le gouvernement fédéral se chargera en échange de nos terres publiques que nous lui abandonnerons : la réciprocité ne nous donnera pas cela.
Avec l’annexion nos travaux publics acquerront de suite une valeur assez grande pour payer toutes nos dépenses gouvernementales. Une fois le budget déchargé de l’intérêt de la dette publique ; une fois nos dépenses d’administration ramenées à un chiffre raisonnable, nous aurons bien vite un surplus considérable. — La réciprocité ne nous donnera pas cela.
— On peut l’obtenir sans l’annexion, dira-t-on. — C’est possible, pourvu toujours que l’on n’ait plus recours au génie diplomatique du ministère actuel.
Avec l’annexion, il n’y a pas de doute que les spéculateurs Américains viendront exploiter les moyens de richesse industrielle qu’offre le pays, et y verseront des capitaux considérables : la réciprocité ne nous donnera pas cela, et sous le régime colonial il est impossible que les capitaux Anglais affluent en Canada !
Avec l’annexion, nous choisirons nos marchés, nous achè-