Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/159

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2°. Le parti libéral, formé des neuf dixièmes de la population du pays ; qui comptait dans son sein tous ces déserteurs qui portent aujourd’hui la livrée ministérielle et sont descendus jusqu’à la loyauté la plus effrénée ; qui était le parti du progrès et des réformes, l’admirateur des institutions démocratiques, et qui ne réclamait rien autre chose que l’égalité aux yeux de la constitution et de la loi ; qui ne demandait en un mot qu’un peu de place au soleil de son pays.

En 1840, le parti tory, qui avait été l’instigateur des atrocités de 1838 et qui avait, pour ainsi dire, forcé le gouvernement d’être plus sanguinaire encore qu’il ne l’aurait été, si on l’avait laissé à lui-même, était à peu près tout puissant. Il témoigna d’abord quelques défiances à lord Sydenham ; mais aussitôt qu’il eût découvert de quelle espèce était la justice égale inventée par cet habile fourbe, il se livra à lui corps et âme et applaudit à l’idée de l’Union, mesure qui nullifiait les Canadiens-Français et qui lui procurait de puissants alliés dans le family compact du Haut-Canada.

Les libéraux hypocrites de cette époque, — qui ont levé le masque aujourd’hui, mais alors ils n’étaient pas connus, — ne voulurent point seconder l’opposition qui s’était manifestée à Québec contre le projet d’Union ; et tout en faisant semblant de blâmer la mesure, ils la favorisèrent tacitement en décourageant ici ceux qui auraient voulu agir ; et en faisant ce que l’on appelle « jeter de l’eau froide sur tout. »

L’opposition à l’Union n’ayant été que partielle dans le Bas-Canada, l’attentat fut consommé, le Bas-Canada volé au profit du Haut, ou plutôt des agioteurs Anglais, le gouvernement responsable fut octroyé en échange de la violation flagrante des droits du Bas-Canada ; beaucoup d’entre nous se laissèrent prendre à ce piège grossier, et consentirent à faire fonctionner un système absurde au plus haut degré, puisque malgré l’Union, les deux Canadas étaient encore aussi séparés qu’auparavant quand à l’administration et à la législation et offraient le spectacle anomal et ridicule de deux provinces unies de droit mais séparées de fait.

Les tories eurent d’abord le pouvoir et ne firent rien. Les libéraux leur succédèrent et montrèrent bien le désir de faire quelque chose jusqu’à leur résignation inutile, intempestive e irréfléchie en 1843. Ils ont d’ailleurs montré ce qu’ils étaient