Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/196

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désespérera de l’acquérir, et se bornera à regretter stérilement le temps perdu qui ne peut revenir.

Serait-ce exagérer, Messieurs, si j’affirmais que cette dernière catégorie présente quatre individus pour un de la première ?

— Mais me dira-t-on peut être, pourquoi tous ces reproches à nos collèges ? Où en serions-nous si nous ne les avions pas eus ?

Messieurs, je n’adresse de reproches à personne, je ne fais qu’apprécier la situation, que retracer des faits que nous avons tous observés : je tâche seulement de les expliquer.

J’admets volontiers que le clergé n’a pas pu faire beaucoup plus que ce qu’il a fait. Je sais qu’il ne peut pas se plier à toutes les nécessités sociales de l’époque actuelle ; je sais qu’il n’est pas en son pouvoir de nous donner une éducation qui soit en parfaite harmonie avec les idées modernes et les besoins du pays, (car les idées modernes sont en contradiction avec les siennes ; les idées modernes, c’est la démocratie, dans l’ordre politique ; c’est l’indépendance de la pensée dans l’ordre moral… or l’indépendance de la pensée, le clergé la repousse ; et la démocratie, il l’accepte quand il ne peut pas faire autrement, mais il ne l’aime pas :) je sais enfin qu’il serait injuste de lui reprocher de ne pas entrer de pied ferme dans la voie du progrès : car le progrès, c’est ce qu’il redoute le plus, à moins pourtant qu’il ne le dirige, et l’on sait quelle espèce de direction il lui donne.

Ce n’est donc pas à lui que je reproche l’insuffisance de l’enseignement actuel. Puisque lui seul a créé jusqu’à présent des maisons d’éducation, à lui seul appartenait le droit de les régler ; et nous n’avons pas nous le droit d’exiger qu’il adopte entièrement nos idées. Puisque nous allons chercher l’éducation qu’il donne, nous devons la subir. Nous ne pouvons pas lui demander d’entrer dans notre sphère quand nous allons volontairement le chercher dans la sienne.

Je maintiens donc que nous n’avons nullement le droit de demander au clergé de changer son système d’enseignement