Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/58

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vie privée, et l’honneur dans la vie publique sont deux choses bien différentes ; et il est encore moins rare de voir mettre cela en pratique. — Eh bien, il vous dira, — et remarquez, Messieurs ! que je ne suppose rien ici ; je ne fais que répéter fidèlement ce qui a été vraiment dit : — eh bien, il vous dira, avec l’accent de la plus sincère conviction : « Est-ce qu’il y a un cœur Canadien qui ne se réjouirait pas de voir le Canada annexé aux États-Unis ? Est-ce qu’il y aurait parmi nous un homme assez ennemi de son pays pour repousser volontairement les inappréciables avantages que cet événement procurerait au Canada ? Je ne puis le croire, et quant à moi je ne suis pas de ceux-là ! »

— Mais, répondrez-vous, tout stupéfait d’étonnement, mais mon Dieu, comment donc avez-vous pu signer le protêt ministériel contre l’annexion ?

— Ah, vous dira-t-il, attendez un peu ; la question n’est plus la même, j’ai signé le protêt parce qu’il est très probable que l’Angleterre ne consentira pas à nous donner nos coudées franches !…

— Mais alors, il ne fallait donc pas dire que le gouvernement responsable valait mieux que les institutions Américaines ! Il ne fallait donc pas dire que nous avions tout ce que nous pouvions raisonnablement désirer ! D’ailleurs, en signant le protêt ministériel, vous avez commis un acte qui, de votre propre aveu, est celui d’un ennemi de son pays !

— Ah bien, que voulez-vous, le ministère nous demandait de le signer comme ça, il fallait bien le soutenir ! ! ! ! ! ! —

Voilà, Messieurs, comment une fausse démarche, un acte coupable poussent inexorablement les hommes dans un dédale inextricable, et les forcent, par le désir qu’ils ont de se justifier, de tomber dans les plus déplorables absurdités !

Pour soutenir quelques hommes qui, en tant que libéraux, ont jeté le froc aux orties ; pour soutenir un ministère parjure à son programme ; pour maintenir au pouvoir des hommes que le pouvoir avait gâtés, un mandataire du peuple a déclaré, — tout en s’avouant intérieurement qu’il mentait, — que le peuple de ce pays n’avait ni le désir ni le besoin d’être libre, parce que nos institutions pouvaient assurer son bonheur, et satisfaire à toutes les exigences de sa position..

Eh bien, Messieurs, que peut on espérer de bon, doréna-