Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/61

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D’ailleurs une colonie n’est-elle pas, relativement à sa métropole ce qu’est le satellite relativement à la planète dont il dépend ? N’a-t-elle pas, comme lui, un orbite rigoureusement tracé, circonscrit ?

N’est-elle pas fatalement entraînée à la suite de sa métropole, et obligée d’en subir les malheurs sans jamais en partager les prospérités et les gloires ?

L’Angleterre, en établissant la liberté de commerce, a sans doute fait faire un pas immense à l’économie politique ; et pour le progrès général du monde, je me réjouis de cette mesure. Les relations internationales devenant plus faciles, plus étroites ; les intérêts généraux des différents peuples se trouvant désormais plus intimement liés, les chances de guerre sont grandement diminuées pour l’avenir, et la paix du monde civilisé ne court presque plus de risques.

Mais comment se fait-il que quand, d’un côté, l’Angleterre adopte des vues si larges, et se montre si sensée, si véritablement pratique, elle fasse preuve de l’autre, de tant de petitesse, de tant de mesquinerie, de tant d’ignorance ? Comment se fait-il qu’alors qu’elle adopte le système de libéralité le plus étendu possible envers les autres nations, elle se montre si indifférente, si tyrannique même envers ses colonies qu’elle ne pense nullement à leur donner un équivalent pour la protection qu’elle leur retire ? Comment se fait-il enfin qu’elle soit si progressive dans sa politique générale et si rétrograde dans sa politique coloniale ?

Cela vient, Messieurs, de ce qu’en politique comme en affaires, on pense à soi avant de penser aux autres ! Cela vient de ce qu’en politique comme en affaires, on ne s’occupe que de ses propres intérêts, sans jamais s’inquiéter de ceux des autres ! Cela vient de ce qu’invariablement, dans le monde, on agit d’après le proverbe : « Charité bien ordonnée commence par soi-même. » Cela a toujours été et sera toujours.

On se fait d’abord tout le bien que l’on peut ; et puis, s’il y a du reste, eh bien, on le donne quand on ne le jette pas ! Et ce qui me paraît totalement inexplicable, c’est qu’il y ait eu, c’est qu’il y ait encore, en Canada, des hommes qui s’obstinent à croire aux bonnes intentions, aux sympathies de l’Angleterre envers ce pays ! Je crois que l’on peut très jus-