remédier à la violation des lois providentielles exercée par les ambitions, les rivalités nationales. Et cela, pourquoi ? Parce que l’Angleterre, après avoir été chassée de possessions immenses, qu’elle avait pourtant mieux gouvernées qu’elle n’a gouverné le pays, a dit à ses anciens colons : « Ce fleuve que Dieu a donné à l’ouest de l’Amérique pour communiquer facilement avec le monde, je le ferme : s’il vous était ouvert, ma colonie du Canada progresserait trop vite ; et vous en tireriez pour vous-mêmes d’énormes bénéfices : eh bien, il restera là, inutile au commerce, détourné de sa destination, fermé à votre industrie qui m’alarme, à vos vaisseaux qui deviennent trop nombreux ; car plus longtemps il vous sera interdit d’y naviguer, plus longtemps ma domination sur le nord de l’Amérique sera assurée. »
Eh bien, Messieurs, supposons pour un instant qu’en 1812 le pays eut été assez éclairé pour s’affranchir de l’erreur de l’obéissance passive et pour être exempt de préjugés contre les institutions républicaines ! Supposons que nous n’ayions pas commis la déplorable faute de combattre pour conserver le glorieux privilège d’être des sujets de l’Angleterre, pour obtenir l’inestimable bonheur de rester les seuls colons de l’Amérique : supposons enfin que nous fussions alors tombés dans la grande confédération Américaine ; n’est-il pas évident que le canal de l’Érié n’aurait pas été creusé ? N’est-il pas évident que si les produits de l’Ouest avaient pu être exportés par le St. Laurent, l’État de New-York n’aurait jamais pensé à créer une autre sortie vers la mer, car on ne fait jamais un canal quand on a une rivière à sa disposition ? N’est-il pas surtout très probable qu’on eût pensé à canaliser le St. Laurent vingt ans avant qu’on n’ait pu penser à creuser le canal de l’Ouest, car la chose était à la fois plus rationnelle, plus facile, et eût produit des résultats bien autrement importants.
Eh bien, pensez un peu Messieurs, à ce que seraient aujourd’hui les Canadas, si le cours naturel des choses n’eût pas été détruit ! Pensez à ce que seraient aujourd’hui les Canadas, si le St. Laurent eut été, depuis quarante ans, ouvert aux vaisseaux Américains, et s’il était aujourd’hui le seul débouché de l’Illinois, de l’Indiana, de l’Ohio, du Kentucky, d’une partie de la Pensylvanie, de tout le littoral de l’État de