Page:Dessinateurs Illustrations Portalis 2.djvu/59

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il est permis d’appeler cela des costumes. Dans les vignettes de Histoire de la maison de Bourbon (1779) et dans les figures de l'Histoire philosophique et politique des établissements des Européens dans les deux Indes, de l’abbé Raynal (1780), dans les œuvres de Métastase (1780), enfin dans ce qu’il a donné pour le Voyage pittoresque de la Grèce, du comte de Choiseul-Gouffier (1782), il se montre toujours dessinateur achevé, respectueux de la vérité historique, et préoccupé de l’expression juste de ses personnages. La composition est toujours excellente, et ce qu’on a dit des dessins de Moreau, que pour en faire de beaux tableaux il suffirait de les agrandir, est, là comme ailleurs, un bel éloge bien mérité. Pendant qu’il s’occupait de vignettes, Moreau n’en remplissait pas moins ses fonctions de dessinateur des Menus-Plaisirs. Il s’était fait la main à ces grands dessins de fête par celui de la Revue du Roi à la plaine des Sablons, où les régiments des gardes française et suisse défilent devant Louis XV, cette page étourdissante de verve et d’habileté. La science de composition de Moreau s’y révèle tout entière, avec son art de dégrader les différents plans et de concentrer l’attention sur la figure minuscule et pourtant reconnaissable du Roi ; il a su admirablement, dans ce vaste sujet, grouper son monde, masser ses personnages, animer ses premiers plans, et c’est là surtout, suivant un de ses biographes[1],

  1. L’Œuvre de J.-M. Moreau le jeune, par Henri Draibel.