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I


Manifestement, Frédéric Marcinel avait un secret. Toute sa vie était changée et nul n’eût pu dire la cause de cette transformation. Nul, pas même son vieil ami, le président du tribunal Louvrier avec qui, si souvent, au sortir des audiences, Frédéric Marcinel s’était abandonné à de respectueuses et confiantes causeries.

Marcinel était un des plus anciens gendarmes du pays. Entré au corps vers sa vingt-cinquième année, il avait patiemment et docilement appris son difficile métier et suivi les filières consacrées. Il avait obtenu un chevron après quatre ans, deux après huit ans, la croix après dix ans de services. Il avait été nommé candidat brigadier, puis brigadier, puis maréchal des logis. Il avait promené son uniforme et sa robuste prestance dans diverses régions du pays, selon les hasards des circonstances. Partout, il avait été noté de façon excellente, et spécialement par les autorités judiciaires qui avaient trouvé en lui un auxiliaire précieux. Ce beau et fort garçon dont toute la personne dégageait une inexplicable sympathie, était d’une ingéniosité surprenante. On citait, au Palais de Justice, certaines malices qui avaient eu les plus heureuses conséquences. Et comme il avait,